Camille de Thibault
Stalingrad et Anneessens sont deux quartiers du centre de Bruxelles. Ils sont situés à l’ouest du cœur historique, à l’est de l’axe de circulation du Boulevard de l’Abattoir et au nord de la voie ferrée qui traverse la ville. Principal point d’entrée de Bruxelles depuis la Gare du Midi, ces deux quartiers populaires sont caractérisés par la densité de leur population, leur diversité culturelle, notamment marocaine, et un ancrage historique en construction.
A l’image des travaux en profondeur de la ligne 3 du métro le long de l’Avenue Stalingrad, ces territoires nous ont paru fracturés pendant cette période de pandémie. Nos interlocuteurs mettaient l’accent sur la fermeture des associations, et un sentiment d’isolement se dégageait davantage que dans les deux autres quartiers explorés. Il nous a été également plus difficile de rencontrer des personnes âgées isolées, mais il nous a surtout été impossible de nous mettre en contact avec des personnes âgées isolées d’origine maghrébine, alors que telle était notre ambition, notamment à la suite de la rencontre d’Anas.
Face aux fermetures liées aux mesures sanitaires et aux risques qu’elles signifiaient pour les plus précaires, Anas et d’autres acteurs associatifs de la communauté maghrébine ont initié une action d’aide alimentaire. Partis d’une initiative limitée dans le cadre du Ramadan, ils ont développé une action qui a réussi à livrer jusqu’à 800 colis alimentaires par jour en quelques semaines.
Cette initiative a eu non seulement la vertu d’agir pour répondre à des besoins de première nécessité, mais aussi de créer un pont de solidarité entre des communautés qui cohabitent sans forcément coexister.
C’est dans ces territoires et ce contexte que nous avons rencontré Rafael, Thérèse et Dominique à leur domicile. Ce sont des personnes âgées d’origines belges, vivant seules, aux parcours, aux besoins et aux âges très divers. Malgré leurs différences, tous témoignent de l’impact provoqué par les mesures de confinement et la fermeture précipitée des associations qu’ils fréquentaient en tant que bénéficiaire ou bénévole.
Les témoins de ce quartier affirment davantage que dans les autres avoir été livrés à eux-mêmes. De ce fait, iels ont dû puiser essentiellement sur leurs ressources personnelles pour traverser la crise. Avec nous, ils ont partagé ce qui les a fragilisés, mais surtout, ce qui les a fait tenir. Une philosophie de vie, entretenue ou découverte sur la base d’une réactualisation de leurs rapports au corps, aux affects, à la mémoire ou à l’espace domestique.
Ce sont ces récits que nous vous invitons à écouter ici sous forme de podcast. Ils sont accessibles en suivant le lien internet apparaissant sous le nom de chaque personne, où en pointant l’appareil photo de votre smartphone sur son QR code. Bonne écoute.